Comment établir un contrat de cession des droits d’auteur
Dernière mise à jour le 19/04/2024
Le contrat de cession de droits d’auteur est un accord légal par lequel l’auteur, appelé cédant, transfère tout ou partie de ses droits sur son œuvre littéraire ou artistique à un tiers, le cessionnaire. En effet, l’auteur d’une œuvre jouit de droits de propriété intellectuelle dont il peut librement disposer. A ce titre, il a la possibilité de céder certains de ces droits à titre gratuit ou moyennant rémunération à travers un contrat de cession de droits d’auteur.
Que sont les droits d’auteur ?
Les créateurs jouissent d’un ensemble de droits qui leurs sont accordés sur leurs œuvres intellectuelles et artistiques. Il s’agit de droits d’auteur qui leur confère la propriété exclusive de leurs créations.
Ainsi, ils ont la possibilité de contrôler leur utilisation et leur exploitation. Aussi, ce droit protège les intérêts moraux et patrimoniaux des auteurs, leur permettant de décider de la reproduction, de la distribution, de la représentation publique, de l’adaptation et de la traduction de leurs œuvres.
Les écrits littéraires, les compositions musicales, les œuvres artistiques, les films, les logiciels et bien d’autres sont couverts par ces droits.
L’article L.123-1 du Code de la propriété intellectuelle dispose que l’auteur a le droit exclusif, tout au long de sa vie, d’exploiter son œuvre de n’importe quelle manière et d’en retirer un bénéfice financier.
Quels sont les droits d’auteur pouvant faire l’objet d’une cession ?
Les œuvres originales bénéficient automatiquement de droits d’auteur. Ces droits se composent de droits moraux et patrimoniaux. Par ailleurs, il n’existe aucune démarche administrative nécessaire pour que l’auteur puisse exercer ses droits.
Les droits patrimoniaux
Les droits patrimoniaux confèrent à l’auteur le droit d’exploiter commercialement son œuvre. Il peut ainsi interdire toute exploitation de son œuvre. Les droits patrimoniaux renferment plusieurs déclinaisons notamment les droits de :
- Reproduction : en vertu de ce droit, l’auteur peut autoriser ou interdire la reproduction matérielle de son œuvre sur tout support. Il peut s’agir de la reproduction sous forme d’impressions, d’enregistrements, de numérisations ou de tout autre support permettant de fixer l’œuvre de manière tangible. Par conséquent, l’auteur a le contrôle sur la duplication de son travail afin d’assurer la protection de son œuvre contre une exploitation illicite ;
- Représentation : permet à l’auteur de choisir le moyen propice pour lui de présenter publiquement son œuvre, que ce soit par une performance, une diffusion ou toute autre forme de communication au public ;
- Distribution : l’auteur a la possibilité de distribuer des exemplaires de son œuvre au public, que ce soit par vente, location, prêt ou d’autres moyens.
Les droits moraux
Les droits moraux protègent l’identité de l’auteur et l’intégrité de son œuvre en préservant son nom, sa qualité et son œuvre elle-même.
Contrairement aux droits patrimoniaux, les droits moraux sont inaliénables, perpétuels et imprescriptibles.
Autrement dit, ils ne peuvent pas être cédés, vendus ou transférés à une autre partie et ne se perdent pas par le simple passage du temps. Cela garantit que l’auteur conserve toujours le contrôle et la reconnaissance de son travail créatif, même s’il décide de céder certains droits patrimoniaux.
Les droits moraux renferment notamment les droits de :
- Divulgation : il permet à l’auteur de décider de quand et comment son œuvre sera rendue publique ;
- Retrait et repentir : il offre à l’auteur d’une œuvre la possibilité de revoir les conditions initiales d’un contrat déjà passé. Ainsi, il a un certain contrôle sur l’utilisation future de ses créations ;
- Paternité : le droit de paternité confère à l’auteur le pouvoir d’identifier ses œuvres en y apposant son nom, garantissant ainsi sa reconnaissance en tant que créateur. Cependant, l’auteur conserve également le choix de rester anonyme s’il le souhaite, préservant ainsi son droit à la confidentialité et à l’incognito ;
- Respect de l’intégrité de l’œuvre : ce droit permet à l’auteur de protéger son œuvre contre toute altération ou modification qui pourrait en dénaturer le sens ou la forme. Ainsi, il peut garantir que son travail reste fidèle à sa vision artistique originale et préserver son intégrité créative.
Quelles sont les différentes catégories de contrat de cession de droits d’auteur ?
Il existe différents types de contrat de cession. Le choix du contrat est fonction des droits que l’on souhaite céder. Il s’agit notamment des contrats d’édition, de représentation et de production audiovisuelle.
Contrat d’édition
Le contrat d’édition est un acte contractuel par lequel l’auteur décide de céder à un tiers le droit de reproduire et de distribuer son œuvre. Il s’agit généralement de céder son droit de reproduction. Cela implique la transmission des droits d’exploitation d’une œuvre à un éditeur.
Contrat de représentation
Le contrat de représentation est un accord par lequel l’auteur d’une œuvre artistique accorde à un tiers le droit de représenter et d’exploiter cette œuvre. Il est assez fréquent dans le domaine du spectacle.
Contrat de production audiovisuelle
Le contrat de production audiovisuelle unit l’auteur ou les auteurs et un producteur pour créer et exploiter une œuvre audiovisuelle. Le producteur, personne physique ou morale, finance et coordonne le projet.
Quelles sont les diverses modalités de cession des droits d’auteur ?
Le transfert des droits d’auteur peut se faire selon différentes modalités. Il est possible d’opérer un transfert de tout ou partie de ses droits d’auteur à titre gratuit ou onéreux.
Cession de l’exclusivité des droits
La cession de l’exclusivité des droits d’auteur implique qu’un auteur transfère la totalité de ses droits patrimoniaux sur une œuvre à un tiers.
Par conséquent, seul le cessionnaire a le droit exclusif d’exploitation de l’œuvre selon les termes du contrat. Dans cette situation, l’auteur ne peut plus se permettre de concéder ces droits à d’autres parties pendant la durée de l’exclusivité.
Cession d’une partie des droits d’auteur
L’auteur peut décider de céder non pas tous ses droits mais seulement une partie.
En effet, l’auteur peut décider de céder les droits restants à d’autres personnes. De plus, il peut très bien en faire usage lui-même.
Cession de droits d’auteur à titre onéreux
Lorsque la cession de droits d’auteur a une contrepartie financière, on parle de cession de droits d’auteur à titre onéreux. Il est nécessaire dans ce cas de spécifier clairement les conditions financières.
La cession à titre onéreux permet à une tierce partie d’exploiter commercialement l’œuvre de l’auteur tout en lui garantissant une rémunération pour ces droits.
Cession de droits d’auteur à titre gratuit
La cession de droit d’auteur peut se faire à titre gratuit. Il est important d’avoir l’accord explicite des différentes parties pour éviter tout risque de contestation sur ce fondement.
Par ailleurs, même dans le cas d’une cession à titre gratuit, le contrat doit être formalisé par écrit afin de préciser les obligations de chaque partie.
Quels sont les éléments essentiels à inclure dans le contrat ?
Le contrat de cession de droits d’auteur pour être valable doit comporter un certain nombre de mentions obligatoires. Il s’agit de mentions telles que :
- Identité des parties ;
- Type de droits cédés ;
- Étendue des droits cédés ;
- Destination ;
- Territoire ;
- Durée du droit d’exploitation ;
- Coûts et modalités de paiement.
Comment déterminer la rémunération du titulaire des droits d’auteur dans un contrat de cession ?
Dans le cadre d’une cession de droits d’auteur à titre onéreux, il est nécessaire de déterminer la contrepartie financière. Le montant de la rémunération doit figurer dans le contrat.
Par ailleurs, les parties ont la liberté de fixer le montant de la rémunération pourvu qu’il soit sérieux et juste.
Généralement, l’auteur reçoit une rémunération proportionnelle aux revenus générés par la vente ou l’utilisation de son œuvre par le bénéficiaire.
Toutefois, l’auteur peut percevoir une rémunération forfaitaire dans certains cas tels que :
- Impossibilité d’appliquer la rémunération proportionnelle ;
- Existence de coauteurs ;
- Publication de l’œuvre dans la presse ;
- Etablissement de l’une des parties à l’étranger ;
- La cession porte sur un logiciel.
Quelle peine risque-t-on en cas d’utilisation non autorisée ?
L’utilisation non autorisée peut s’observer dans deux situations. Elle peut résulter d’une utilisation sans l’autorisation de l’auteur de l’œuvre ou du non-respect des engagements pris dans le contrat de cession des droits d’auteur par le cessionnaire.
- Utilisation sans l’autorisation de l’auteur : une personne qui utilise une œuvre protégée par des droits d’auteur sans l’autorisation expresse de l’auteur se rend coupable de contrefaçon et s’expose à des sanctions pénales. Le créateur de l’œuvre et ses ayants droits ont le droit d’engager une action en contrefaçon. Cette action vise à mettre un terme à toute utilisation, exploitation ou reproduction non autorisée de l’œuvre par un tiers.
- Non-respect des clauses du contrat de cession de droits d’auteur : la partie au contrat de cession de droits d’auteur qui ne respecte pas son engagement peut être tenue responsable de violation d’obligations contractuelles.
L’auteur peut valablement poursuivre pour contrefaçon les tiers non parties au contrat de cession qui exploiteront ou reproduiront une œuvre.
Comment différencier un contrat de cession de droits d’auteur d’un contrat de licence de droits ?
Le contrat de cession de droit d’auteur et le contrat de licence de droit concernent tous les deux la cession de droits patrimoniaux. Toutefois, ils sont différents à plusieurs niveaux notamment :
- Nature du transfert : la cession de droits implique un transfert des droits d’auteur à un tiers qui devient alors le nouveau titulaire des droits. Les droits cédés sortent du patrimoine du cédant. Quant à la licence de droits, elle permet au titulaire des droits d’accorder à un tiers le droit d’utiliser l’œuvre dans les limites spécifiées;
- Rémunération : dans un contrat de cession, le cessionnaire paie généralement une somme fixe pour acquérir les droits. En revanche, dans un contrat de licence, le licencié peut payer des redevances périodiques qui sont fonction de l’utilisation de l’œuvre;
- Modification de l’œuvre : en cas de cession, le cessionnaire peut généralement modifier l’œuvre à sa guise. Il en va différemment pour une licence où les modifications peuvent être limitées ou interdites, selon les termes du contrat.
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FAQ
Quels sont les droits qui peuvent être cédés ?
Les droits d'auteur susceptibles d'être cédés sont principalement les droits patrimoniaux, qui sont les droits économiques attachés à une œuvre intellectuelle. Ces droits comprennent notamment le droit de reproduction, de représentation et de distribution.
Quels sont les effets de la cession de droits d’auteur ?
La cession de droits d’auteur entraîne plusieurs conséquences juridiques. Le cédant ne peut plus exercer les droits cédés tant que la durée de la cession n'est pas expirée. Quant au cessionnaire, la cession lui permet d'acquérir les droits économiques attachés à l'œuvre, tels que le droit de reproduction, de représentation, de distribution et de modification. Il se doit de respecter les termes du contrat de cession.
Quelle est la différence entre une cession et une concession de licence ?
La cession de droits d'auteur est comparable à une vente dans laquelle les droits sont transférés de manière permanente à un tiers en échange d'une contrepartie financière. En revanche, la licence de droits d'auteur est similaire à une location de biens dans laquelle l'auteur accorde à un tiers le droit d'utiliser son œuvre moyennant une redevance, sans transfert de propriété.
Dernière mise à jour le 19/04/2024
Bonjour Samuel,
Je viens d’écrire un livre qui va être publié. De ce livre des amis et moi-même aimerions créer une association pour un faire un film. C’est un sujet d’actualité. Mais comment faire pour protéger mes droits d’auteurs ? Est-ce que je peux être la présidente de l’association ? Je vous remercie de toutes les informations que vous pourrez me donner.
En vous remerciant d’avance.
MJ
Bonjour,
Il n’y a aucune démarche obligatoire à faire s’agissant d’une oeuvre de l’esprit protégé par le droit d’auteur puisqu’aucun dépôt n’est possible contrairement au droit des marques et brevets. La simple création de votre livre permet de le protéger au titre du droit d’auteur à condition qu’il respecte la condition d’originalité.
Vous pouvez néanmoins pour faire valoir vos droits, à titre facultatif, vous envoyer par lettre recommandée avec accusé de réception votre livre, le cachet de la Poste étant une preuve de la date de création de votre oeuvre.
En espérant vous avoir aidé,
L’équipe LegalPlace
Bonjour Samuel
Un réalisateur demande une collaboration pour composer la bande-originale d’un court métrage et demande de lui céder les droits. Est ce légal
Merci
Bonjour,
Il a notamment été reconnu au réalisateur le statut d’auteur privilégié. Si c’est une société qui dirige le court-métrage et qu’elle cède tous les droits au réalisateur, ce n’est pas à son avantage de le faire. Si la cession porte uniquement sur la bande originale et que le réalisateur en est l’auteur cela peut être envisageable de céder les droits. Votre question nécessite tout de même le conseil d’un avocat spécialisé en propriété intellectuelle.
En espérant vous avoir éclairé,
L’Equipe LegalPlace
pouvez vOus préciser dans quels conditions un éditeur peut -il sans en prévenir l ‘auteur, faire éditer en e- book, un livre dont l’édition papier a été suspendue, et quels droits dispose l’auteur dans ce cas là.
En un mot a -t-il été inséré une clause d’abandon des droits en cas de non impression ou au contraire lorsque l’ouvrage ne fait plus l”‘objet d’une réédition par l’éditeur les droits reviennent automatiquement à l’auteur.
Bonjour Madame, S’agissant de l’acquisition des droits d’exploitation sous forme numérique, si un contrat ne prévoit aucune disposition au sujet de l’édition numérique, l’auteur n’a donc pas cédé ses droits concernant cette exploitation et en est toujours titulaire. Le principe étant “tout droit qui n’est pas cédé expressément par l’auteur lui est réservé”. Sans clause de cession de l’édition numérique prévue à cet effet, l’auteur dispose de ses droits d’édition numérique comme il l’entend. Il est ainsi conseillé de prévoir dans le contrat d’édition imprimée, une clause qui donne l’autorisation par l’auteur de céder ses droits numériques ou bien une… Lire la suite »
Bonjour, j’ai créé un personnage pour une personne qui fait des vidéos. Je lui ai donc fait un contrat de cession des droits patrimoniaux dans les règles. Ma question est: est ce qu’il faut que je déclare cette cession des droits auprès d’une organisation quelquonque, ou la simple signature du contrat auprès du cédant et du cessionnaire est suffisante pour que la cession soit valable? Sachant que j’ai renonceé à percevoir de l’argent sur les droits d’auteurs, je le fait gratuitement. Merci d’avance, je ne trouve la réponse nul part!
Bonjour, La loi ne prévoit pas de procédure de déclaration concernant les contrats de cession de droits d’auteurs. Cependant, les articles L 131-2 et L 131-3 du Code de la propriété intellectuelle imposent les conditions de validité du contrat de cession de droits d’auteur. En effet, celui-ci doit être écrit. Il est également nécessaire de préciser l’étendue et la destination du domaine d’exploitation des droits cédés. Le lieu et la durée doivent également être indiqués. Ainsi, si toutes ces mentions sont indiquées au sein de votre contrat de cession, celui-ci devrait être valable. En espérant que notre réponse vous sera… Lire la suite »
Bonjour,
Lors de mes études, mes camarades et moi avons créer un jeu de société. Avec certains de ces camarades, nous voudrions reprendre ce jeu pour l’améliorer et éventuellement le commercialiser par la suite. Cependant, toutes les personnes ayant participé à la création de ce jeu ne souhaitent pas continuer. Que devons nous faire pour que les personnes qui veulent continuer obtiennent les droits de ceux qui ne veulent plus afin de ne pas avoir de problème par la suite ?
D’avance merci
Annaelle
Bonjour,
Votre situation est complexe et nécessite l’avis d’un professionnel.
Nous vous invitons à prendre contact avec l’un de nos avocats partenaires, par le biais de notre page contact : https://www.legalplace.fr/contact/
Pour cela, sélectionnez « Parler à un avocat » dans la section « Objet de votre demande », choisissez le produit concerné puis expliquez en détail votre situation dans la partie « Votre message ».
N’oubliez pas de préciser votre numéro de téléphone dans le corps du texte, afin d’être contacté plus rapidement.
En vous souhaitant une belle journée,
L’équipe LegalPlace.
Bonjour Samuel, pour participer à un concours littéraire on me demande un “abandon de tous droits d’auteur”. Que cela signifie t il ? en perdrais je la paternité “morale”, auraient il le droit de l utiliser sans marquer mon nom ? Merci beaucoup.
Bonjour,
Seuls les droits patrimoniaux peuvent faire l’objet d’un contrat de cession de droits. Les droits moraux ne peuvent pas être cédés.
En espérant que notre réponse vous sera utile.
L’équipe LegalPlace
Bonjour Samuel,
Je souhaite savoir si je devrais faire céder les droits de mes musiciens et quel type de contrat de devrais faire ?
-je produis moi-même l’enregistrement
-j’enregistre une pièce musicale classique libre de droit qui sera commercialisée
-j’ai huit musiciens
Bonjour,
La cession des droits d’auteur à titre gratuit ou onéreux doit obligatoirement faire l’objet d’un contrat de cession.
En espérant avoir su répondre à vos interrogations.
L’équipe LegalPlace
Bonjour,
Peut-on céder le droit de reproduction et de représentation sans devoir respecter les dispositions relatives aux contrats d’édition et de représentation ? Autrement dit, un contrat d’édition est-il obligatoire afin de céder le droit de représentation, ou un tel contrat n’est-il nécessaire que pour des personnes dont l’activité habituelle est l’édition (ex : Hachette) ?